Voilà, c'est fini.

Michel Picot

27 févr.3 min de lecture

On est quel jour ? #67 Jour J

Je suis venu vous dire que je m'en vais...

Cette journée est curieuse :

C’est la dernière chronique Bourbonnienne
C’est la fin de deux chaines de télévision C8 et NRJ12
C’est un jour où toutes les planètes sont alignées
C’est le dernier jour de ma vie en Bourbonnie
C’est le premier jour, du reste de ma vie.
C’est une journée historique

C’est une journée historique pour moi, mais aussi pour les confrères des chaines C8 et NRJ 12 qui s’en souviendront longtemps.

Journée historique aussi pour moi, donc, car je sors (enfin!) après plus 4 mois de captivité Au Bagne.

4 mois à l'hôpital. Ça vous change un homme.

Les derniers rayons de soleil de cette journée de février venaient illuminer la cour des miracles de Bourbonnie.

À travers les ramées, le soleil dansait sur cet ilot de survivance.

Au fond, une dame âgée très fatiguée est attachée à une table dans le but de la mettre debout. Regard hagard, que se passait-il dans sa tête ? Toute la détresse humaine se lisait sur le visage. Son corps, frêle, semblait en bout de course.

Dans les couloirs avec des barres, Papy râle. Il n’aime pas que la dame en blanc lui parle avec une intonation ascendante pour le motiver à faire ses premiers pas.

Dans sa tête, il devait se dire « même ma femme ne me parle pas comme ça ». Ronchon, nous entendons tous un « rrrrrr » afin de ne pas répondre et un autre « rrrrr » parce qu’il s’en veut, ses jambes ne veulent pas suivre.

Sur la table de kiné, une dame ouvre ses yeux, perçants, qui semblent vouloir sortir de leurs orbites, comme une forme de colère. En fait, non. Elle est toujours comme ça.

La lumière danse avec le vent, dehors, il fait froid. Nous sommes en hiver, il fera nuit tôt, mais avant mon dernier crépuscule ici, l’ilot de la survivance nous dévoile ses miracles. Il ne marchait pas il y a deux mois. Il s’est levé, puis encore levé, et encore levé. Ses pieds, ses jambes, son corps semblent retrouver leur harmonie, celle d'avant ce putain de camion.

Pour d’autres, ce putain de train, cette putain de voiture et autres putains de cauchemars ont laissé une trace indélébile dans leur âme, dans leur corps.

Comment oublier celles et ceux qui ont certainement plus morflé plus que moi, mais qui m’ont permis de comprendre que le monde peut être vécu autrement, avec des sourires, de la bienveillance et même du bonheur de partager avec d'autres.

Attention, un con est un con, même amputé, il est con. Et ils sont nombreux aussi.

Mais les miens ? Dieu les a épargné.

Je ne vous oublierais jamais bande de cons.

Vous m’avez aidé, fait grandir, fait réfléchir sur le sens de notre existence ici-bas.

Je vous aime. Je ne vous oublierai jamais.

Merci aux personnes qui ont marqué positivement mon séjour, qui m’ont permis de vivre cette épreuve plus agréablement. Ils ont aussi leur « lot » de galères, mais ils m'ont fait rire, m’ont marqué par leur bienveillance et leur attention…

Ça ne s’oublie pas.

Merci

GEGE, ALX, POLO, JOR, GREG, THIB, FIFI, BEA, FRA, CARI, DAN, FRAN,CEL, SYL, ADR, THEO, KDR......... (et pardon pour celles et ceux que j'ai oublié)

En fait, je m’aperçois que je n’étais pas si ours que ça, durant mon long séjour. ,

Merci aussi aux personnels et aux kinés qui m’ont suivi durant 4 mois. Dès le premier jour, je n’avais aucun repère et une crainte de ce qu’il allait m’arrivait dans ce bagne.

Merci Émilie F. - Kiné.