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Et si on se parlait ?

Photo du rédacteur: Michel PicotMichel Picot

Dernière mise à jour : 20 févr.

On est quel jour ? #58  J-10


J’ai décroché mon permis de conduire en septembre1987.

38 ans plus tard, non seulement je réapprends à marcher sur deux jambes, mais je vais aussi réapprendre à conduire une voiture. 

Une nouvelle vie s’ouvre à moi, je refais du "tout neuf" !


En 1987, ma première voiture était une Simca Chrysler 1307.


Puis j’ai roulé avec la voiture de mon frère, une Polo, je crois, mais je me souviens qu’elle était jaune canari et discrète, puis la voiture suivante était une Opel Corsa avant de terminer mon parcours de conducteur, dans le sud, avec une Super Cinq. 



Mon arrivée à Paris aura mis un terme à ma carrière de pilote automobile, même si mes premiers pas en conduite étaient de franchir le rond point de l’Arc de Triomphe où pas moins de 12 avenues débouchent sur ce rond point, qui doit avoir au moins 6 voies de circulation… 

Mission accomplie


Puis… rien.

Plus de voiture et encore moins envie de conduire depuis mon opération du dos et surtout de la hanche, qui m'a longtemps paralysée ma jambe gauche. 


Plus de conduite du tout.

Mais je crois me souvenir que la pédale de droite permet d’accélérer et que les manettes autour du volant servent à allumer les essuies glaces.

Pour le reste, je crois que le volant permet de tourner et que le manche au milieu est un truc pour aller plus vite en avant. 


Et pourtant, si je viens vivre dans cette région, sans voiture, je deviens ermite au Garlaban. Sinon, il faut se lancer à conduire la toto ! D’où mon exploit programmé : utiliser le simulateur de conduite de la clinique. Je passe ma conduite, ce mardi à 9h30 et j’ai les chocottes… "tut tut ! Poussez vos fauteuils, je passe et je ne freine pas, j’sais pas où c’est". 


 

Je suis rentré à la clinique le 6 novembre 2024, j’y suis encore.

Auparavant, j’ai fait quelques séjours à l’IHU ou encore à la Timone à Marseille… 

En mettant tout, bout à bout, cela fait près de 5 mois que je suis à l’hôpital. 


Partout, on assiste souvent au dialogue impossible entre certains patients et le personnel médical qui doit en voir, d'ailleurs, de toutes les couleurs… 


Reste que certaines complaintes méritent de s’y attarder tellement j’ai pu les entendre. Même si cela ne me concerne pas, je vous en sers quelques une sur un plateau 


Patients s’adressant au personnel médical :

« Ils ne m’écoutent pas » 

« Je leur dis que j’ai mal et rien ne se passe »

« Je saigne » et il s’entend dire : « je passe dans 3 h »

« Il m’envoie à un rendez-vous avec un spécialiste, mais ils ne me disent qu’il faut faire tel type d’examen avant. Tout est à recommencer »

« J’ai mal au genou, il ne voulait pas me faire une radio du genou parce que ce n’était pas écrit »

« Il n’y a aucun suivi psychologique ? »

… 

Entre hypocondriaques névrosés et patients sincères, il y a une différence. 


D'un autre coté, rien ne sert de le cacher : il manque du monde. La même infirmière me faisant une prise de sang à 7h30 finit sa journée en débarrassant mon plateau de diner un peu avant 19h. 

Une ASH dévouée se trouve sur plusieurs postes à la fois. Elle me fait part de son mécontentement concernant la surcharge de son travail, sans contrepartie. Et pourtant, elle est géniale. 


Perso, tous sont formidables et je n’ai jamais souffert d’un manque de service, sauf, si vous devez vous absenter ou sortir. Dans ce cas c'est "dehors avant 10h max !" Et que ça saute !


Attention : « la critique est la puissance des impuissants » selon Lamartine, mais ici, il s’agit de critiques constructives pouvant devenir de puissants leviers de progrès…

Le dialogue est-il totalement impossible ? Je ne le crois pas. Chiche !


 

Et pendant ce temps là…


Un patient a fait le plein de couches. Et ça se voit à peine. Il va pouvoir pisser tranquille !



Mais où vont-ils ? 3 départs peut-être, hier après-midi, dont 2 en photos volées et un en camionnette grise dans laquelle on a mis le fauteuil roulant avec le patient. Ils sont partis ! Mais que s’est-il passé ? 



Enfin, le grand ascenseur est sur le point de battre le record de « la panne la plus longue » de Bourbonnie. En même temps, comme personne n’a de fauteuil roulant ici, ça ne gêne pas.

 

 « Personne ne veut me comprendre » gémit un patient qui ne comprend pas toujours ce qui lui arrive. Il souffre physique et souvent aussi moralement. 


Les longs séjours dans un établissement donnent naissance à des formes de nouvelles habitudes pour les patients. Pas toujours en adéquation avec eux-même, mais le changement fait peur, en plus lorsque leur vie bascule à cause de la maladie ou d’une amputation. Elle bascule d’autant plus lorsqu’on est perdu dans son parcours de soin : Qui voir ? Vais-je être opéré ou réopéré ? Qui peut s’occuper de moi ? Me chouchouter un peu ? 


Cette détresse se ressent et heureusement qu’entre patients bienveillants, elle est entendue lorsque quelqu’un patient souffre moralement. 

Un meilleur suivi psychologique serait un réel plus avec obligations de suivi durant le séjour.


Pour les questions de parcours de soin, un coordinateur/médiateur pourrait prendre chaque cas et demande avec soin et dans sa globalité, afin d’éviter des rendez-vous manqués chez des spécialistes : « on ne vous a pas dit qu’il fallait faire ça avant de venir ? Il va falloir tout recommencer ! ». C’est démoralisant car beaucoup pensent à la double peine : celle d’être malade ou amputés et celle d’être incompris. 


J’attends d’ici que tout est pensé pour répondre à ces demandes : la réponse est Oui, mais, ici, les décisionnaires sont au taquet, tout va très vite avec des oublis normaux et un manque de temps et d’écoute criant. 


Un dernier point entendu ici surtout le week-end : « qu’est-ce qu’on s’emmerde ». Où sont les lieux d’accueils de nos visiteurs ? Où les espaces plus conviviaux ? Où sont les distractions : jeux et « vrais » livres à disposition ? Qui a eu l’idée de mettre la télé derrière les machines à café qui coupent la vision du bas de l’écran ? Pourquoi pas un jardin extérieur avec accès sécurisé pour les fauteuils roulants au lieu d’avoir toutes ces pentes plus dangereuses les unes des autres. 

Et pourquoi pas mettre un boite de doléances à l’accueil ? Suivi d’une réunion patients/dirigeants pour améliorer raisonnablement le bien-être de tous, sans tomber dans le syndicalisme pécunier.

Avec des idées, on peut faire avancer le monde. Encore faut-il les partager ensemble ? Car : « Seul, vous perdez face à la maladie » 

Matthew Perry (Chandler dans Friends)


Seul, on ne peut faire grand chose et c'est frustrant, mais :


Celui qui n'a jamais été seul

Au moins une fois dans sa vie

Seul au fond de son lit

Seul au bout de la nuit


Ensemble, c'est mieux.



 
 
 

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