On est quel jour ? #63 J-4
Je ne sais pas si une nouvelle langue est parlée en Bourbonnie, mais je constate que certains mots ont pris toute leur place dans le vocabulaire quotidien. Ainsi, deux admirables personnes ont intégré, après avoir utiliser un langage châtié, des mots tels que « ta gueule ».
En même temps, cette expression directe était adressée à GEGE, qui le vaut bien.
Curieusement cette expression rend les gens plus aimables et plus proches dans ce huis clos où nous sommes.
Mais de là, à l’utiliser dans le monde de dehors ?
Ok. Je ferme ma gueule.
En Bourbonnie
BEA s’est réveillée hier matin, toute dévissée.
La veille, elle nous expliquait que pour que son orthèse soit droite, il fallait forcer un peu. Deux hommes n’étaient pas de trop !
« Oui, il faut bien deux hommes pour la mettre »
« Ah oui, elle doit être bien droite »
« Et Louis, il m’a dit qu’il pouvait me la mettre tout seul »
Alors, durant la nuit : que s’est-il passé ?
Le résultat est que l’orthèse a perdu une vis.
La déglingos appelle alors le mécano de service, déglingos lui aussi : ALX, qui ne recule devant rien pour remonter BEA ,sans pioche mais avec un tournevis...
Vis, revissée… BEA peut rouler… Lorsque…
Plus je m’approche de la fin et de ma sortie, plus j’ai le vertige en voyant le chemin parcouru ces 6 derniers mois et le nombre d’antibiotiques avalés : 1368 (12 par jour) et cela devrait encore durer quelques mois.
Cette dose reflète certainement le niveau d’infection qui m’a touchée.
J’ai le souvenir d’une jambe sérieusement infectée qui aurait pu dégénérer et provoquer des dégâts extrêmement importants dans le corps et peut-être même létaux.
La désinvolture de l’hôpital Parisien qui m’a opéré en décembre 2022 de la hanche, sans se soucier d’un potentiel risque d’infection, que j’ai découvert moi-même par mes démarches, me proposant uniquement une nouvelle opération, sans protocole préalable, me débectent gravement aujourd’hui.
Merci à mes très chers amis de m’avoir ouvert les yeux en demandant un deuxième avis sur mon cas. Deuxième avis qui m’a peut-être sauvé la vie.
Avant d’enclencher un parcours de soins sérieux, j’ai erré dans les différentes sphères du monde médical, allant de spécialistes en spécialistes, sans trouver la bonne voie, et perdant un temps précieux.
J’entends d’ici vous cris d’orfraie : « il y a plus grave ».
J’en suis bien conscient en voyant ce qui se passe dans cet établissement et je ne cherche aucunement à comparer les divers handicaps, mais juste vous parler d’un vécu, qui est le mien, qui revient de loin… et qui me fait réfléchir aujourd’hui.
En Bourbonnie…
Les pieds de BEA ont changé. Ils ont pris la forme de la tête de Yoda.
Anomalie de la nature ? Ce n’est pas un, mais deux pieds qui ont pris la même forme.
Pourquoi ?
BEA craignait de voir son voisin de chambre changer pour être remplacer par la voix de Jésus "made in Corsica."
Par peur d’entendre trop fortement cette voix venue d’un seul être humain, elle décida, ce jedi (elle ne sait jamais quel jour on est) de s’en référer aux étoiles qui étaient en guerre, mais l’une d’elle lui répondit.
BEA : « Allo, c’est qui ? Je veux parler à Jésus. »
X : « Allo la Terre, ici Yoda. Jésus est en RTT aujourd’hui »
BEA : « Mme YODA, vous pouvez m’aider ? La voix de Jésus made in Corsica vient s’installer dans la chambre à côté ? Que puis-je faire ?
YODA : Bouge pas, j’arrive, mais tends tes jambes, et mets tes orteils en éventail ! »
BEA s’exécuta.
C’est ainsi qu’elle vit, accrochées comme deux moules à ses pieds, YODA et sa jumelle.
Les YODA ont passé toute la journée, sans broncher, sans utiliser de pioche ou de pelle, pour éloigner la voix de ce Jésus.
« Que la force soit avec moi » soupira BEA.
Et pendant ce temps là…
BLANCHE NEIGE, nous déteste, c’est clair. À peine débarqué sur la terrasse où se tenait le haut conseil de Bourbonnie ce dimanche, il entra et ressorti aussitôt plus vite que la lumière, sans dire mot.
À son retour, le haut conseil étant levé, il décida de s’installer… sous la pluie… avant de retourner se garer au beau milieu de la salle de télé pour y danser comme un télétubbies, gesticulant niaisement sur son fauteuil.
Ainsi va la vie…
J’ai été hospitalisé, pour la toute première fois de ma vie, en juillet 2022 pour une opération du dos, suite à une hernie discale qui a dégénéré.
7 jours à l’hôpital pour ma première hospitalisation. Quelques vis et plaques dans le dos plus tard, c’est au tour de la hanche toute pourrie de passer sur le billard. La première intervention à Paris a été un échec, deux autres opérations ont été nécessaires pour remettre en état de marche cette hanche et surtout, encore un fois, chasser cette vicieuse infection.
Mais que retenir de cette étape de ma vie ?
Je fais le point pour en tirer les leçons, mais je n’ai pas assez de force en écrivant ces lignes. J’appelle Luke.
« Allo Luke ? »
« Non, c’est le padawan de service qui fait le café »
« Écoute, je voudrais parler à Luke ou Jedi »
« Ici Luke, je suis ton père ? »
« Non, pas toi ! Mais je sollicite un service de votre part, car j’ai la flemme ce jour, pouvez-vous m’envoyer de votre force. Te plait ? »
« Va, et que la force soit avec toi »
« C’est tout ? »
« Tu ne veux pas aussi un euro ? P'tit con»
Ta gueule
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